Je vous avais bien dit que l’année serait sous le signe de la gravure… J’ai sélectionné quelques gravures sur bois. Pour bien comprendre le processus, voici une explication toute simple : une estampe est une image imprimée au moyen d’une matrice. Et pour cela, on trouve de nombreuses techniques de gravure que l’on pourrait classer comme ceci : la gravure en creux, en relief et  les procédés à plat.

La gravure

Je résume le plus simplement possible les différentes techniques de la gravure, il y a 3 classes :  

•  la gravure en relief, appelée aussi taille d’épargne où seuls les reliefs sont encrés. C’est dans cette catégorie que l’on trouve le bois gravé. 

•  la gravure en creux, ou taille-douce  avec les techniques au burin, à la pointe sèche, eau-forte, aquatinte …

•  les techniques de gravure à plat comme la sérigraphie ou la lithographie. 

Voici 2 exemples de gravure sur bois signés par des grands maitres comme Dürer ou Cranach :

Les cavaliers de l'apocalypse , de Dürer
Les cavaliers de l'apocalypse , de Dürer
Cavalier, Gravure d'après ou de Lucas Cranach
Cavalier, Gravure d'après ou de Lucas Cranach

La taille d’épargne est la plus ancienne méthode de gravure connue. La technique de base consiste à reporter le dessin sur la planche et à creuser de façon à mettre en réserve la forme de l’image à imprimer  : le dessin à reproduire apparaît en relief sur la planche. Voici un lien vidéo pour une démonstration.

Graver sur bois

Geste du graveur par Maurice Busset
Travail à la gouge et au maillet , M. Busset
« Il faut distinguer la xylographie appelée aussi bois de fil, de la gravure sur bois, appelée également bois de bout  : dans le premier cas, la planche est taillée parallèlement aux fils du bois à l’aide de canifs ou de gouges , et perpendiculairement dans le second cas. 
La technique du bois de bout apparaît à partir du XVIIIe  siècle. L’artiste creuse avec un burin l’image sur un bloc taillé en bois de bout (c’est-à-dire perpendiculairement au fil du bois). 
Le bois gravé, qu’il soit de bout ou de fil, est imprimé de la même façon : Un rouleau imbibé d’encre grasse est passé sur toute la surface. La pression nécessaire au transfert de l’encre sur la feuille de papier s’exerce manuellement, en frottant le dos de la feuille avec un baren (instrument japonais), ou le dos d’une cuillère en bois ou à l’aide d’une presse. L’impression des gravures en couleurs nécessite plusieurs planches, une pour chaque coloris. » Martine Benabou

Ressources graphiques

Après ces petites explications techniques, passons à quelques visuels pour illustrer cette méthode. J’ai sélectionné et même parfois extrait d’une illustration des motifs décoratifs gravés sur bois.

Le motif ci-contre et les motifs suivants sont tirés d’un livre illustré de bois dessinés et gravés par Emile Bernard  » Les petites fleurs de saint François » . On peut voir dans ce livre des illustrations composées avec une image centrale imprimée en noir et un bord décoré en rouge,  des tampons pour les lettrines ou les fins de chapitre… 

On trouve sur Gallica plusieurs versions du même livre illustré par Maurice Denis en 1913 et en 1933.

Tampon floral, bois gravé par Emile Bernard pour les Petites Fleurs de St François

On trouve de nombreux motifs comme ceux-ci dans le livre édité par Ambroise Vollard.

Quelques exemples d’épreuves :

Dans d’autres styles mais toujours des épreuves gravées sur bois, voici trois estampes tirées de 2 livres, l’un exécuté par Aristide Maillol pour Les Epilogues de Virgile et l’autre Les amours de Pierre de Ronsard avec des bois dessinés et gravés par Émile Bernard.

Ce chapitre sur les estampes en bois gravé est loin d’être  exhaustif, ce n’est même que le début de nombreuses découvertes du monde de la gravure.

Je termine l’article avec le travail du xylographe  Maurice Busset. On peut voir le récapitulatif de ses gravures dans la bibliothèque numérique Clermont Métropole.  Il écrivait dans son très interessant traité,  La technique moderne du bois gravé (Édition ornée de nombreuses gravures)  ceci :

Autoportrait, bois gravé Maurice Busset
Autoportrait, bois gravé Maurice Busset

« Le grand intérêt de la gravure sur bois est d’être une synthèse; les artistes qui la pratiquèrent ont dû éliminer tout ce qui ne concourt pas directement à l’expression linéaire. Il leur a fallu styliser et ne garder que l’essentiel dans leurs compositions; et c’est ce parti pris, nécessité  par la difficulté d’œuvrer les fibres rebelles du bloc générateur, qui donne à ces estampes leur grand caractère.

La gravure au canif s’harmonise merveilleusement au caractère typographique, étant comme lui composée de pleins et de déliés ; exécutée sur bois durs, elle peut résister à de nombreux tirages et permet la reproduction à des milliers d’exemplaires. Enfin elle peut être tirée sur les papiers les plus communs. Toutes choses que ne peuvent donner les reproductions sur métal ou les clichés en photogravure. Ceux-ci en effet exigent l’emploi de papiers spéciaux, dits papiers couchés, qui portent à leur surface une mince couche de blanc, polie comme une glace. Ces papiers, très lourds, d’un aspect froid et métallique, ne peuvent résister à l’humidité, qui colle les feuillets l’un contre l’autre; ils s’effritent facilement et deviennent cassants. Leur conservation est donc difficile, et les ouvrages qui en sont composés sont voués à une destruction rapide.
La souplesse des papiers de chiffon et leur inaltérabilité ont fait que les gravures anciennes ont traversé les siècles : les tableaux de Dürer ont noirci, les tons en sont décomposés; ses estampes sont aussi fraîches qu’au lendemain de leur tirage.
Simplicité d’exécution et de tirage, conservation assurée, voici, au point de vue purement technique, les grands avantages des épreuves en xylographie. »

Maurice Busset

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