Dans la rubrique : Une œuvre,un regard, une émotion…

HOMMAGE A LA PEINTURE

J’ai découvert cette peinture dernièrement au Mauritshuis de la Haye et avec elle une histoire, un artiste, un peu spécial car, même si l’œuvre connue de Willem van Haecht  se limite à 3 tableaux, on peut dire qu’il en a peint ou copié des dizaines .

Atelier d’artiste ou galerie d’art?

C’est un peu la question que l’on se pose en regardant ce tableau.

Que regarder, lorsque l’on est face à ce  tableau? 

Comment est-ce composé?

Que raconte la scène?

Après ces questions, le regard va au cartel, pour avoir une explication et on lit :

« Apelle peignant Campaspe ». (sic)

 A moins d’être féru d’histoire ancienne, le titre nous plonge encore plus dans l’ignorance et le questionnement. Alors voici quelques explications: Apelle était le peintre d’Alexandre le grand et Campaste était la maitresse d’Alexandre. A la demande de ce dernier,  Apelle doit peindre un portrait nu de Campaspe . L’anecdote nous est contée dans un texte de Pline l’Ancien, d’où vient l’essentiel de la renommée de Campaspe (qu’il nomme ici Pancaste) : 

« Au reste, Alexandre donna une marque très mémorable de la considération qu’il avait pour ce peintre : il l’avait chargé de peindre nue, par admiration de la beauté, la plus chérie de ses concubines, nommée Pancaste ; l’artiste à l’œuvre devint amoureux; Alexandre, s’en étant aperçu, la lui donna : roi grand par le courage, plus grand encore par l’empire sur soi-même, et à qui une telle action ne fait pas moins d’honneur qu’une victoire; en effet, il se vainquit lui-même. Non seulement il sacrifia en faveur de l’artiste ses plaisirs, mais encore ses affections, sans égard même pour les sentiments que dut éprouver sa favorite en passant des bras d’un roi dans ceux d’un peintre. Il en est qui pensent qu’elle lui servit de modèle pour la Vénus anadyomène ».

Je laisse à chacun le choix dans la morale de l’histoire entre « bonté masculine » ou machisme .

Le reste du tableau est aussi étonnant que l’anecdote historique qui va avec. La scène se déroule dans une galerie d’art, que certains ont décrit comme le cabinet des curiosités de Cornelis van der Geest, grand mécène anversois de l’époque. On y reconnait des oeuvres lui ayant appartenu comme le Prêteur et sa femme de Quentin Matsys ( au premier plan à droite) ou le Portrait d’un érudit du même artiste (sur le mur à droite) ou bien d’autres œuvres (Van Dyck, Rubens, Le Titien, Corrège …)énumérées dans cette étude du tableau : « la devinette de Willem van Haecht ».

Chaque reproduction est peinte dans un souci du détail et ne laisse aucun doute sur l’œuvre representée, un peu comme un inventaire peint. De quoi y passer quelques  heures de recherche  et d’exploration et, si l’envie de poursuivre vous titille,  l’artiste a peint 2 autres tableaux  dans la même veine :

  1. La galerie de Cornelis van der Geest . Composé de la même façon, le tableau immortalise une scène historique sur le quart inférieur gauche  à l’occasion de la visite des archiducs Albert et Isabelle d’Autriche en 1628. Le guide au couple princier n’est autre que le peintre Rubens en personne.
  2. Intérieur du Salon de l’archiduchesse Isabelle d’Autriche

 

Liens

Portrait du « bel » Apelle sur Gallica  😉

Une galerie présentant des scènes d’intérieur de cabinet de collectionneurs

Les deux volumes de l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien sur Gallica  ( une mine d’information sur l’histoire de la peinture)

 

 

 


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