« Le grand intérêt de la gravure sur bois est d’être une synthèse; les artistes qui la pratiquèrent ont dû éliminer tout ce qui ne concourt pas directement à l’expression linéaire. Il leur a fallu styliser et ne garder que l’essentiel dans leurs compositions; et c’est ce parti pris, nécessité par la difficulté d’œuvrer les fibres rebelles du bloc générateur, qui donne à ces estampes leur grand caractère.
La gravure au canif s’harmonise merveilleusement au caractère typographique, étant comme lui composée de pleins et de déliés ; exécutée sur bois durs, elle peut résister à de nombreux tirages et permet la reproduction à des milliers d’exemplaires. Enfin elle peut être tirée sur les papiers les plus communs. Toutes choses que ne peuvent donner les reproductions sur métal ou les clichés en photogravure. Ceux-ci en effet exigent l’emploi de papiers spéciaux, dits papiers couchés, qui portent à leur surface une mince couche de blanc, polie comme une glace. Ces papiers, très lourds, d’un aspect froid et métallique, ne peuvent résister à l’humidité, qui colle les feuillets l’un contre l’autre; ils s’effritent facilement et deviennent cassants. Leur conservation est donc difficile, et les ouvrages qui en sont composés sont voués à une destruction rapide.
La souplesse des papiers de chiffon et leur inaltérabilité ont fait que les gravures anciennes ont traversé les siècles : les tableaux de Dürer ont noirci, les tons en sont décomposés; ses estampes sont aussi fraîches qu’au lendemain de leur tirage.
Simplicité d’exécution et de tirage, conservation assurée, voici, au point de vue purement technique, les grands avantages des épreuves en xylographie. »
Maurice Busset
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