Les Chefs d’œuvres de Budapest
Musée du Luxembourg
Dès l’ouverture de l’exposition, j’ai mis le cap sur le Musée du Luxembourg sans me questionner sur ce que j’y découvrirai. Pourtant certaines expositions organisées par le Sénat et la RMN sont loin de me laisser un souvenir impérissable, je pense surtout à l’expo « La renaissance et le rêve », qui faisait une place plus grande au décor et à la mise en scène qu’aux œuvres elles-mêmes. Mais depuis quelques temps les expositions ont retrouvé leur prestige.
Cette fois-ci , je ne suis pas déçue : quelle magnifique exposition!!
Dès l’entrée, on est émerveillé par les trésors exposés. On va de découverte en découverte, l’organisation est bien faite, point d’overdose comme à l’exposition de Vigée le Brun avec tous ces portraits alignés de salle en salle qui dévorent le visiteur, ici c’est du Grand Art autant dans le choix des œuvres que dans la mise en place. La visite se fait suivant une chronologie bien organisée , Moyen-Age, renaissance , cinqueccento, âge d’or hollandais, … jusqu’aux peintures plus récentes françaises et hongroises.
Voici quelques vues de l’exposition
- vue de l’exposition, peinture italienne
- Vue de l’exposition, peinture italienne
- Marie-Madeleine penitente du Greco – 1576
- Yaël et Sisera d’Artémisia Gentileschi – 1620
- detail de Salomé de Cranach l’ancien – 1530
- Portrait d’un jeune homme d’Albrecht Dürer – 1510
- Portrait d’homme de Frans Hals – 1634
- Detail du portrait de F Hals
- Etude de tête d’homme de Rubens – 1616
- L’homme à la cape, Etude pour le Mont-de-piété de Mihaly Munkacsy -1874
- Portrait de Franz Liszt de Mihaly Munkacsy – 1886
- L’alouette de Pal Szinyei Merse – 1882
- Trois bateaux de pêche de Claude Monet – 1885
Si l’on doit à cette exposition toute cette richesse, c’est certainement en grande partie à cause de la fermeture jusqu’en 2018 du Musée des Beaux arts de Budapest pour rénovation. Car aucun musée ne se séparerait d’autant de chefs d’œuvre en même temps, et c’est une chance pour nous.
L’histoire de ce musée est longue et liée au développement historique et culturel du pays, mais si le contenu du musée est si important aujourd’hui c’est grâce aux nombreux collectionneurs et donateurs qu’il y a eu parmi la noblesse et l’aristocratie hongroise . Milos Jankovich fut un des premiers mécènes de l’art hongrois, l’archevêque Janos Lazlo Pyrker fit don de plus de 200 tableaux essentiellement italiens en 1836. Mais une des plus importantes collections léguées à l’Etat fut celle de la famille Estertrazy . Nicolas II , le plus grand collectionneur de la dynastie réunira plusieurs milliers de tableaux, dessins et gravures avec l’envie de créer un musée. Il présentera au public ses collections au Palais Kunitz à Vienne à partir de 1815. Mais son petit fils sera contraint de céder toute la collection (630 tableaux, 3500 dessins et 50 000 estampes) en 1871 à l’état hongrois bien en dessous de sa valeur. Ce qui permit d’alimenter une nouvelle institution, la Pinacothèque, qui continuera à s’enrichir régulièrement avec d’autres legs regroupant des chefs d’œuvres de Rafael, Cranach, Dürer, le Tintoret , Brueghel et bien d’autres … rassemblés maintenant au Musée des Beaux arts de Budapest.
On peut voir aussi dans l’exposition, quelques chefs d’œuvre de la sculpture comme les têtes de caractère de Messerschmidt ou les Sirènes de Rodin et plus étonnant, la sculpture d’un Cavalier sur un cheval cabré attribué à Léonard de Vinci
- cavalier sur cheval cabré attribué à Léonard de Vinci
- Têtes de caractères de Franz Xavier Messerschmidt
- Les sirènes de Rodin
Quelques dessins ou gravures :
- 4 petites illustrations scientifiques de Hans Hoffmann – -1550
- Ratisbonne de Albrecht Altdorfer – 1511
- Maison paysanne hollandaise dans le clair-obscur de Rembrandt – 1635
- Vieillard de 93 ans de Hans Hoffmann – 1580
- La précaution maternelle de Jean François Millet – 1855
La peinture hongroise et les symbolistes
C’est La grande découverte pour moi et une belle surprise de plus dans cette expo.
La plupart des peintres hongrois exposés étaient pourtant très connus en France et certains vivaient même à Paris mais, ils sont un peu tombés dans l’oubli et c’est bien de les présenter à nouveau aujourd’hui.
La Femme à la cage , utilisée pour l’affiche de l’exposition fut peinte à Paris en 1892, par le peintre Jozsef Rippl-Ronai. Le style s’apparente aux Nabis, pourtant l’artiste l’a peinte quelques années avant de faire partie du groupe.
Pal Szinyei-Merse avec son tableau l’Alouette fait forte impression dans l’exposition . Précurseur de l’impressionnisme hongrois, il a du, en son temps, souffrir de la critique. Même si ce tableau est beaucoup plus classique, les critiques ont été sévères. Il revêt ici une place de choix et il est magnifiquement présenté.
- l’Alouette de Pal Szinnyei-Merse – 1882
- l’Alouette de Pal Szinnyei-Merse – 1882
- l’Alouette de Pal Szinnyei-Merse – 1882
Le suisse, Arnold Böcklin avec la scène du Centaure chez le forgeron témoigne des échanges artistiques entre la Hongrie et le reste de l’Europe.
- Centaure à la forge du village d’ Arnold Bocklin – 1888
L’age d’or Janos Vaszary
- L’age d’or de Janos Vaszary
- L’age d’or de Janos Vaszary
- L’age d’or de Janos Vaszary
Franz von Stuck , est un peintre symboliste allemand il fut un des membre fondateur de la Sécession munichoise en 1892 est présent ici avec une huile sur bois « Le printemps » .
Mon petit coup de cœur
En passant par là, j’ai retrouvé mon aiguillère dans la splendide nature morte de Claesz Heda . Une partie de la composition est quasi identique à ma copie (original au Petit-Palais) avec un jambon et un nautile en plus et des dimensions bien plus grandes. Le tableau, certainement restauré, a des couleurs magnifiques, des harmonies de gris , des rendus de matières splendides, des transparences incroyables et des nacres irisés de toute beauté. Un thème récurrent chez le peintre mais une telle maitrise du pinceau me laisse toujours sans voix . Rien que pour ce tableau, je pourrai retourner voir l’exposition.
- Nature morte avec jambon, pichet d’argent et nautile monté en coupe de Claesz- Heda , 1654
- Nature morte avec jambon, pichet d’argent et nautile monté en coupe de Claesz- Heda , 1654
Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas tout dévoilé et il y a bien d’autres choses à découvrir dans cette exposition.
Alors pas d’hésitation, courez la voir … moi j’ai prévu d’y retourner .
Toutes les œuvres ici présentées font partie des collections du Musée des BA de Budapest
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