Dans les années entre 2 guerres, de grandes maisons d’éditions ont sorti des collections de romans illustrés, je parle principalement des collections Le Livre de demain des éditions Fayard et Le Livre moderne illustré des éditions Ferenczi. Cela correspondait a une demande de littérature disponible à bon prix.
Mais leur succès est venu surtout des illustrations, qui étaient essentiellement des gravures sur bois. Aujourd’hui on considère que ce corpus de gravures (bois originaux) est de loin le plus important.
Graphistes et graveurs
Pour mettre en valeur ces collections, les 2 maisons d’édition avaient mis en place un marketing efficace et visuel. Fayard avait choisi une couverture jaune avec une typo noire (appelée Tango par les imprimeurs) pour bien accrocher le lecteur depuis l’étal des bouquinistes, et la maison Ferenczi avait opté pour plus de créativité en faisant appel à un Directeur Artistique, Clément Serveau, qui créa une identité visuelle unique avec un motif très art déco pour la page de couverture. On compte plus de 600 titres parus pour ces 2 collections.
Le choix de la gravure pour illustrer ces collections donnent des airs de noblesse à cette nouvelle littérature jusqu’alors accessible uniquement dans l’édition de luxe.
Les graveurs souvent « renommés » nous ont laissé une iconographie assez importante. Ces collections ne sont pas toujours accessibles sur Gallica, mais nous pouvons quand même avoir un aperçu des ressources qu’elles recèlent. D’ailleurs, le premier numéro du Livre de demain, Gaspard de René Benjamin, illustré par Renefer a reçu le prix Goncourt.
Encore aujourd’hui, un des titres les plus recherchés est Les aventures du Roi Pausole de Pierre Louys avec les 28 gravures sur bois de Foujita.
Bien sûr, les avis divergent sur la valeur des illustrations et c’est sans compter l’utilisation et la reproduction qui pose un réel problème de droit d’auteur.
De nouveaux styles
Il ne s’agissait plus d’illustrer de façon narrative un épisode du roman avec une légende, mais de traduire en dessin l’atmosphère du récit.
L’analyse de l’ensemble des gravures a permis de démontrer une évolution dans le style passant du style académique à un style art déco, cubiste …
« La part de gravures « académiques » passe par un minimum relatif chez Fayard dans les années 1930 alors que cette proportion, plus élevée chez Ferenczi en 1923, n’a cessé de diminuer jusqu’en 1940. La ligne artistique de la collection Fayard paraît donc être passée par un apogée de « modernité » vers 1930 alors que celle de la collection Ferenczi n’a cessé d’évoluer, au point que Le Livre moderne illustré puisse faire figure de revue d’avant-garde dans les années 1936-1939 » Nouvelles de l’estampe
Je vous invite à lire l’article bien documenté, Les gravures sur bois des collections Fayard (Le Livre de demain) et Ferenczi (Le Livre moderne illustré) de la revue Nouvelles de l’Estampe
2 commentaires
Jacques Boullaire, graveur - DESSIN OU PEINTURE · 15 décembre 2022 à 0 h 57 min
[…] dans les années 20, en faisant des gravures sur bois pour l’édition. C’est, dans les publications de l’époque, que l’on peut trouver ses illustrations. La revue Demain de la maison Ferenczi, qui publie […]
Le style graphique de Clement Serveau - DESSIN OU PEINTURE · 29 décembre 2022 à 21 h 15 min
[…] reconnu à la fin de sa carrière a été d’abord illustrateur-graveur et même directeur artistique pour les éditions Ferenczi. Il est connu aussi pour avoir dessiné et gravé les maquettes de billets de banque dans les […]