Henri Rivière, auteur des estampes ci-dessous, est reconnu comme un xylographe expert pour la complexité de ses gravures sur bois. Mais dans cette série iconographique, il ne sera pas question de gravures sur bois mais de lithographies* et de son style très influencé par le japonisme.

Les 36 vues de la Tour Eiffel

Le titre à lui seul nous emmène sur les traces d’Hokusai. En plus de vous présenter quelques exemples en image, je me permets de citer Arsène Alexandre qui a préfacé l’ouvrage et dont les remarques sont cocasses 100 ans plus tard (particulièrement la dernière). Vous pourrez aussi, en allant feuilleter le livre sur Gallica, remarquer la typographie de George Auriol  et vous amuser à trouver la Tour ou à retrouver les endroits.

Des jardins maraichers de Grenelle, vue de la Tour Eiffel d'Henri Riviere 1902- ©Gallica
Du point du Jour, vue de la Tour Eiffel d'Henri Riviere 1902- ©Gallica
De la rue des Abesses, vue de la Tour Eiffel d'Henri Riviere 1902- ©Gallica

« Certes, il (Henri Rivière) eut préféré avoir à l’horizon de ses promenades le Mont Fuji-Yama, à la forme si merveilleuse… mais on a le Fuji-Yama qu’on peut. Il est sage de se contenter de celui-ci lorsqu’on ne peut avoir l’autre, et il est beau d’en tirer le spectacle que vous allez voir. »  Arsene Alexandre

Frontispice, vue de la Tour Eiffel d'Henri Riviere 1902- ©Gallica
« Lorsque tu sais te tenir à ta place, pour un bel accessoire, tu es un bel accessoire. Quoique tu sois à l’âge ingrat. Tu as réussi à te faire accepter comme une sorte de signal familier, une façon de symbole du Paris moderne, édifice si l’on veut, excroissance plus sûrement, chose à la fois incomplète et significative à n’en point douter, parfois irritante, parfois amusante, parfois même capable d’émouvoir, si habitué que l’on soit à ta silhouette dégingandée…
En général tu fais bien fragmentairement, lorsqu’on t’aperçoit à l’improviste entre les maisons de nos rues ou à travers les arbres de nos jardins, un bout de ta carcasse, ou ton petit chapeau rond. » Arsene Alexandre

« Ici , il s’agit de dire l’effarante beauté de Paris, de la redire sous toutes ces formes et par toutes les couleurs aux ingrats et insouciants parisiens qui l’oublient sans cesse. De faire de cet album un mémento de cette beauté pour les gens d’à présent et un testimonial pour ceux qui viendront après nous. » Arsene Alexandre

« La Tour qui, comme une brochette relie toutes ces vues se sera, qui sait? évanouie dans les airs, car il n’est vraisemblablement point dans sa destinée de connaitre la ride et l’antiquité fière que Victor Hugo atttribue par avance à l’Arc de Triomphe.
La brochette détruite par la rouille, les tableaux resteront. »Arsene Alexandre

* pour une lithographie, l’artiste peint à l’encre grasse sur une pierre pour chaque passage de couleur. Il confie les matrices à un imprimeur pour le tirage.  

Dans le cas de cette édition, le tirage s’est fait à 500 exemplaires et les pierres ont ensuite été détruites.


1 commentaire

karine · 17 janvier 2022 à 19 h 47 min

Très beau…

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