« Ses dessins! il en faut bien parler; car, eux aussi, ils sortent absolument de la manière accoutumée de reproduire les objets que nous voyons. Ils sont une tentative hardie de la traduction de la couleur. Par des barres, des points, des lignes, dirigés dans le sens le plus expressif de la forme, ils rendent avec une singulière vigueur, l’ardente vision que son imagination dégageait des spectacles. Son grand désir était d’arriver à dessiner avec la même facilité que l’on écrit; car il avait gardé cette idée, ancienne et très vraie, que le dessin est la base de l’art et que ce n’est que par lui qu’existe le tableau. Son premier soin était donc de bâtir par de grandes lignes, de trouver l’équilibre primitif des harmonies que la nature présente; ensuite, il brodait l’arabesque de ses vibrations, bâtons, points ou zébrures, destinés à donner une sorte de mouvement à l’ensemble. Tout cela était fait de tempérament, sans froid calcul, avec l’intuition certaine d’une âme émue, d’un cœur ardent. »
extrait du livre « Lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard
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